Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Lettre ouverte à Monsieur Nicolas Sarkozy, Président de la République

Paris, 23 juin 2008

Monsieur le Président de la République

Vous êtes actuellement en visite officielle en Israël, à un moment particulier où l'Etat d'Israël fête le 60ème  anniversaire de sa création, alors que, de leur coté, les droits des Palestiniens - reconnus par les différentes résolutions de l'ONU - continuent à être bafoués avec la complicité, parfois agissante de, ce que l'on présente à tort comme la « Communauté internationale » (qui se réduit souvent aux Etats -Unis).

Alors que vous allez exercer ces prochains jours la présidence de l'Union Européenne, votre visite revêt une importance majeure et toute déclaration ou initiative de votre part ne manquera pas d'engager tout autant la France que l'Union Européenne.

C'est pourquoi nous nous adressons à vous afin que vous soyez le fidèle représentant de la majorité des Français et d'un nombre toujours plus grand de citoyens européens, exaspérés par la perpétuation de l'injustice dont souffre le peuple palestinien et qui ne peuvent accepter que plus de 60 ans après le plan de partage de l'ONU de 1947, vous vous apprêtiez par votre présence à honorer le 60 ème anniversaire de l'Etat d'Israël sans présenter d'initiatives fortes, à même de répondre aux droits légitimes des Palestiniens qui attendent toujours leur Etat.

De la reconnaissance par l'OLP de l'existence de l'Etat d'Israël il y a 20 ans lors du CNP d'Alger de 1988 à un règlement négocié sur le principe de l'échange « la terre contre la Paix »,

Des accords d'Oslo à la mise en place d'un quartet aux initiatives quasi inexistantes sans réelle autonomie par rapport aux Etats Unis,

De la feuille de route en plans de paix, en voyages et initiatives etatsuniens,

les Palestiniens ont toujours été sommés de faire des concessions de façon unilatérale sans voir pour autant leur situation politique ou économique s'améliorer.

Au contraire, leur vie quotidienne n'a fait que s'aggraver avec la multiplication des « check-points », des contrôles, des incursions de l'armée israélienne, des vexations gratuites ou du fait de l'instauration de punitions collectives...

Quant à leur Etat à venir, morcelé, émietté, rétréci, il est loin de représenter aujourd'hui les 47% qui lui avaient été dévolus par le plan de partage de 1947; il ne représente désormais pas même 20% de la Palestine historique.

L'édification du Mur de séparation - véritable mur d'Apartheid - qui empiète encore plus sur les terres palestiniennes, de fait « incorporées » à l'Etat d'Israël,

La construction du tramway à Jérusalem par une société française qui destructure un peu plus Jérusalem au profit de la partie israélienne,

Tout comme la colonisation qui n'a jamais cessés même durant les phases de négociations,

témoignent sur le terrain du mépris des gouvernements israéliens successifs pour le droit international (toutes ces mesures ayant été déclarées illégales) mais également de leur absence de volonté de régler de façon juste et définitive un conflit qui, par sa durée, ses diverses implications, voire son instrumentalisation, a des répercussions sur l'ensemble de la situation au Moyen Orient.

Votre voyage, Monsieur le président, devrait être l'occasion de rappeler « amicalement » mais fermement quelques vérités et évidences simples:

  • que la sécurité des Israéliens passe avant tout par la reconnaissance des droits légitimes des Palestinens
  • que l'injustice que vivent les Palestiniens ne fait qu'encourager le développement d'actes de résistance à l'occupation et des actions que l'on qualifie bien vite d'extrémistes
  • que la poursuite de la colonisation est un obstacle majeur à toute solution négociée
  • que les assassinats ciblés ne peuvent que relancer une violence qu'Israël prétend combattre
  • que la situation de la population de Gaza - victime du blocus à répétition - participe à la dégradation de l'image d'Israël à l'étranger
  • qu'un règlement définitif ne peut se faire que sur la base des résolutions de l'ONU.

Aujourd'hui, alors qu'une énième trêve vient d'être conclue, ces exigences sont plus que jamais à l'ordre du jour. La responsabilité du Président de la République française, celle du futur Président en exercice de l'Union Européenne, n'est-elle pas aussi, dès à présent, de montrer la détermination de l'UE à ne plus accepter la situation faite aux Palestiniens ?

Vos rapports amicaux avec les autorités israéliennes devraient vous y aider et rendre vos démarches plus écoutées sans courir le risque d' être accusé d'antisémitisme.

N'est il pas nécessaire, et de façon pressante aujourd'hui, de mettre à l'étude toutes les initiative susceptibles d'infléchir l'intransigeance israélienne : des pressions politiques sur le gouvernement israélien par  la suspension d'accords économiques préférentiels, dont les clauses prévoient d'ailleurs le respect par Israël des droits de l'Homme. L'éventail des mesures possibles  rend l'inaction de l'Union Européenne complice d'une situation intolérable pour les Palestiniens mais aussi pour tous ceux qui en Israël même et dans le reste du monde refusent cette politique coloniale.

L'urgence de la situation exige que la diplomatie ne reste pas inactive et impuissante, d'une impuissance coupable et qui ne fait qu'entériner le droit du plus fort au mépris du seul droit, tout simplement.

Toute complaisance ou complicité envers le gouvernement israélien ne peut que rendre plus aléatoire l'existence d'un Etat palestinien et plus probable encore une détérioration de la situation au Proche et Moyen Orient. Il est impératif d'y mettre fin.

La paix est à ce prix.

 
Nous vous prions d'agréer, Monsieur le Président, l'expression de notre très haute considération.

 

 

Le collège de la Présidence du MRAP

 

 

Bernadette Hétier                          Mouloud Aounit                             Renée le Mignot
Tag(s) : #Palestine, #MRAP